Mazarin

Biographie

Mazarin… Derrière le nom de scène cardinal, il y a un artisan, un alchimiste : Pierre Le Feuvre. La dernière fois qu’il s’était signalé dans le monde de la musique, il pilotait un groupe, La Casa, qui sortait un seul disque Les Trucs Abimés et composait deux titres pour Hubert-Félix Thiéfaine, La Ruelle des Morts et Stratégie de l’Inespoir, nichés dans deux disques d’or. Hubert-Félix leur avait rendu l’hommage dû en les invitant en première partie de son concert à l’Olympia en 2012. Et ce n’était pas un hasard. Même s’ils naviguaient dans des bateaux distincts, il y avait dans leur sextant respectif des sensibilités et des visions artistiques communes, un regard pointé vers un horizon poétique voisin.

Quand l’aventure de La Casa a pris fin et qu’il a décidé de barrer en solo sa petite embarcation poétique sous le nom de Mazarin, Pierre a naturellement fait écouter ses maquettes enregistrées à la maison mayennaise à ses “oreilles les plus attentives”. Et c’est Lucas Thiéfaine qui s’est chargé d’en échafauder un son, trouver une couleur orchestrale, une esthétique aux futures chansons de Mazarin. Le ciel y serait léger, folk et élégamment électronique, presque pointilliste dans un écrin doucement baigné de claviers, de guitares et une basse feutrées, aériennes : un disque de poche, mordoré, doux amer et élaboré en petite formation. Frédéric Scamps sera le troisième compagnon du projet Mazarin. “Je les ai laissés faire, me proposer leurs pistes artistiques. Ils m’ont transporté. Je ne voulais pas leur imposer des choses. Je savais la direction vers laquelle je souhaitais aller, mais ce sont eux qui ont trouvé le chemin.” explique Mazarin sur la méthode de travail. “Je suis un gars qui a grandi à la campagne… Je ne voulais surtout pas imposer une ligne, une rigidité. Les chansons sont nées dans la douceur, presque naturellement.” Et ça s’entend.

Écrit au long cours, confectionné au printemps et puis enregistré et mixé dans un début d’été 2015 suffocant, le premier album de Mazarin est un de ces objets qu’on garde près de soi. Une collection de chansons de poche qui dépassent rarement le format fétiche des orfèvres de la pop : 3 minutes 30. Un disque précieux comme Les Innocents savent en façonner, un disque à feuilleter avec les oreilles comme un recueil de petites fables sur le sens de la vie. Les claviers y sont libellules (Ce N’est Rien du Tout, Allez Allez), les guitares lucioles (À l’Ombre), dans une constellation de sons miniatures où un violon et un violoncelle savent aussi s’inviter pour ajouter un soupçon de gravité (La Mer, La Tête Dans les Nuages) et donner une profondeur de perspective. L’air y est délibérément pop, pulsé par des éthers électroniques savants et subtils qui parfument avec délicatesse cette poésie un brin mélancolique mais jamais désenchantée. Sans fausse naïveté, ni innocence feinte, Mazarin promène son petit baluchon de désillusions et de revers de la vie avec élégance et lucidité, mais aussi avec l’air dégagé de ceux qui savent réinventer leur route (La Croisée des Chemins, En Manque). Une musique fragile et diablement incarnée : un disque d’automne, mais un automne clément et bienveillant.

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Mazarin ©Frank Loriou